5 mai 2009

Argumentaire

ComplémentationS


La plateforme internationale de recherche Gramm-R, l'Universidade de Santiago de Compostela, en collaboration avec l'Université de Paris-Sorbonne, l'Universidade de Vigo et l'Université Libre de Bruxelles, organisent à Santiago de Compostela du 20 au 23 octobre 2010 le colloque "ComplémentationS".

Depuis son introduction dans la terminologie linguistique par Du Marsais et Beauzée, la notion de complément n'a cessé de muer et de se démultiplier au fil des modèles et des théories. Supplantant le régime, très ancien et trop étroitement associé au latin (Chevalier, 2006), le complément a été défini au départ comme "ce qu'on ajoute à [un] mot pour en déterminer le sens, de quelque manière que ce puisse être" (Beauzée). Cette définition sémantique, très accueillante sur le plan formel, a vite montré sa compatibilité avec la syntaxe. Et de fait, en symétrique de la fonction sujet, la complémentation est devenue le stéréotype des relations de dépendance fonctionnelle établies au sein d'un cadre phrastique (sinon un synonyme de la dépendance elle-même). On a ainsi distingué des compléments rattachables à la plupart des types de constituants de la phrase, jusqu'à l'énoncé et l'énonciation.
Certains s'accommodent d'une telle polyvalence au prix de sous-spécifications (comme l'opposition entre compléments essentiels et non-essentiels, intégrés, adjoints ou détachés), d'autres au contraire préfèrent restreindre l'extension du complément par l'innovation terminologique : aux côtés du traditionnel attribut, on a ainsi proposé de définir des suppléments, des ajouts, des modifieurs, des déterminants et des caractérisants, autant de précisions apportées au concept fondamental de relation binaire, dont elles notent le caractère contingent, l'orientation uni- ou bi-directionnelle, et les propriétés de symétrie ou d'asymétrie.
Dans le cadre du colloque, nous proposons aux participants de mener une réflexion sur et autour de la complémentation, en linguistique française ou dans une perspective contrastive impliquant le français. On pourra, par exemple, aborder les points suivants :
  • la notion de complément, ses avatars et ses substituts dans les modèles et les théories linguistiques modernes
  • la complémentation en micro- et en macro-syntaxe
  • l'élaboration d'une typologie et d'une critériologie des complémentations
  • la complémentation et les approches lexicales en termes de valence ou de transitivité
  • les marges de la complémentation : détachement, ajout, relations polysémiotiques
  • l'histoire et l'épistémologie de la complémentation